Traversée du christianisme.

Publié le : 2022-10-19 11:59:32

Traversée du christianisme.

Comme le dit très bien dans la préface Guilhem Antier, nos deux auteurs tentent "Une relecture inventive des concepts et des symboles hérités de la tradition chrétienne." (p. 7). Chacun d'eux, dans les domaines qui leur sont propres - l'exégèse pour ce qui est de E.C. et la psychanalyse et l'éthique pour J-D. C. - met à l'épreuve les affirmations du Crédo à la lumière de la pensée postmoderne pour "réinterpréter aujourd'hui les grands lieux théologiques du christianisme." (p. 20).

 

  

  

  

Traversée du christianisme. Exégèse, anthropologie, psychanalyse,

Jean-Daniel Causse & Elian Cuvillier, Olivetan, 20212, 326 p. 18 €

  

Cette reprise, même si elle est critique, ne se veut pas que négative, elle cherche aussi à dégager "des ouvertures, des promesses et des forces" (p. 21). Ainsi sont repris à nouveaux frais et tout au long des chapitres, les affirmations théologiques suivantes : l'incarnation, le récit de la création, la notion de toute puissance divine, la trinité, le péché originel, le sens de la mort du Christ, la résurrection, les sacrements, l'Eglise, le jugement dernier et la parousie. Pour nos deux auteurs "reprendre" ces propositions théologiques ne doit pas être une simple reprise répétitive. Reprendre "[...] c'est faire le pari d'un sens encore à venir [...] ce qui constitue le travail de l'interprétation." (p. 21).

 

    

 

 Jean-Daniel Causse     &      Elian Cuvillier

 

Il n'est pas possible de détailler l'ensemble de ces chapitres très riches mais plusieurs remarques s'imposent :

- Nos auteurs prennent pour acquis les catégories de la pensée postmoderne, notamment la psychanalyse, et les utilisent comme perspectives d'application des textes bibliques, sans critiques préalables. Or c'est justement le sens critique que nos auteurs s'efforcent de défendre pour désensabler les impasses théologiques où d'après eux, la tradition théologique des siècles passés aurait conduit le christianisme.

 

- Se dégage, sans être dit, une théorie du langage et du discours : le sens d'un texte "échappe à la représentation et au pouvoir de l'énonciation. Tel est le statut de la vérité en christianisme" (p. 23, c'est nous qui soulignons). Le discours est plus la conséquence d'une vérité qu'il n'est apte à dire la vérité (p. 24). Ainsi le tombeau vide signifie la béance à laquelle le langage est contraint pour dire du sens, il ne peut que balbutier et c'est ce balbutiement qui fait sens.

  

- E.C. emploie aussi bien le terme "christianisme" que celui de "chrétien" pour désigner les courants gnostiques et docétistes (p. 44s).

  

En conclusion : on trouvera dans ce livre de nombreux et utiles éclaircissements historiques et bibliques sur certains lieux théologiques, notamment les paradoxes théologiques tels que l'articulation entre les 2 natures du Christ, la toute puissance divine et la faiblesse du Christ en croix etc... Cependant, les interprétations et applications de ces lieux théologiques sont toujours conditionnées par le cadre de la pensée postmoderne : le lecteur est créateur de sens, plutôt que dépositaire d'un sens appartenant en propre au texte et à lui seul, sens dont il a la responsabilité de découvrir ainsi que la charge de sa transmission. A n'en pas douter, le lecteur évangélique aura de grandes difficultés à suivre ce chemin herméneutique.

  

Thierry Rouquet

 

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