Scandale ou salut ? Comment comprendre la mort de Jésus

Il s’agit d’un livre collectif qui fait à la suite d’une série de conférences organisé par la faculté de théologie de Lausanne, 7 conférenciers des universités de Lausanne et de Genève vont aborder le sujet de la mort de Jésus comme Frédéric Amsler, Simon Butticaz Daniel Marguerat Eric Junod, Christiane Furrer et Sarah Stewart Kroeker. Le thème abordé est un thème central dans le christianisme quelque soit la confession orthodoxe catholique ou protestante la mort désastreuse de Jésus est un événement indépassable pour le salut.

Scandale ou salut ?

Comment comprendre la mort de Jésus,

Collectif, Labor et Fides 2023 19 € 

Alors pourquoi, ce qui devait être un désastre, la mort de Jésus, à pris dans la foi chrétienne une telle importance ? D’autres éléments de la vie de Jésus auraient pu servir comme son enseignement ou les guérisons. Mais c’est bien la croix qui reste l’élément central. Alors pourquoi et comment, cette exécution horrible et désastreuse de leur Maitre ai pu être considéré par les disciples comme une valeur indépassable pour le Salut. Il n’y a rien d’évident au départ le livre commence d’ailleurs par expliquer ce qu’est la crucifixion au premier siècle, quelle est son image dans la société romaine. Danièle Marguerat dira avec humour qu’aucune agence de communication n’aurait validé une image aussi désastreuse que la croix pour le lancement d’une nouvelle religion. Le premier chapitre du livre est  consacré à ce que représente la croix au premier siècle. Quelle était l’image qu’on en avait comment une mort sur la croix était perçue à l’époque de Jésus. C’était tellement infamant que très peu d’auteurs en parlent mis à part Cicéron, homme politique et avocat du 1er siècle avant J.-C. Et qui décrit toute l’horreur de ce mode d’exécution. L’histoire n’a retenu que très peu de nom de personnes crucifiées. Dans le christianisme, cette tendance disparaîtra.

À l’inverse, une autre tendance s’est développée dans l’Église, c’est la mort altruiste de Jésus, il meurt « pour » Il y a ici une rupture avec le premier testament, car on est plus dans l’idée du sang sacrificiel qui purifie Israël de ses fautes, mais plutôt dans l’idéal grec d’une mort au nom de l’amitié et du patriotisme civique. De celui qui se sacrifie pour la cité et pour ses amis. C’est l’apôtre Paul qui développera le plus cette idée. Un chapitre dénommé « Qui irait chercher Dieu sur une croix ? » écrit par Daniel Marguerat Il présente la position de Paul à la fois face aux Juifs, qui attendent un Messie fort par le quel se manifeste un Dieu aux gestes spectaculaire un Messie crucifié est donc en rupture complète avec cette attente.Face aux Grecs qui recherchent la sagesse, la mort sur la croix est une folie voire une ânerie. On le voit le discours de Paul va à l’encontre de l’imaginaire religieux de l’époque, mais également au nôtre : notre cerveau étant une vraie usine à produire des représentations du divin qui se rattache au modèle grec ou au modèle juif. Le Dieu qui se révèle sur la croix est donc un véritable défi à notre imaginaire religieux. De ce fait, le christianisme constitue une véritable révolution théologique.

Le livre présente également deux écris apocryphes que sont l’évangile de Pierre et les Actes de Pilate. Deux écrits qui nous parle de la mort et de la résurrection de Jésus de manière différente des évangiles canoniques. Dans l’évangile de Pierre ou une scène pittoresque, nous décrit la sortie du tombeau où la croix parle ! Elle n’est plus instrument de torture et de mort, mais instrument du salut et d’élévation ! Dans les actes de Pilate où Jésus est à la fois objet de scandale pour ceux qui ne l’ont pas compris et Salut pour ses défenseurs, un Salut venant d’un autre monde.

Le dernier chapitre intitulé « la mort de Jésus en perspective écologique » nous présente une interprétation très contemporaine de la mort de Jésus sur la croix une mort qui intègre la violence faite à l’environnement. Cette théologie englobe l’ensemble du vivant non seulement l’humanité, mais l’ensemble de la création. Un Christ mort pour la création entière. Jésus s’incarne comme humain, mais aussi et surtout comme créature. Jésus assume la souffrance et la vulnérabilité du monde créé et s’offre pour la guérison et la rédemption de ce monde.

La mort de Jésus ne laisse pas indifférent un scandale et un salut toujours d’actualité qui ne nous laisse pas indifférents qui nous bouscule et qui s’invite dans nos préoccupations contemporaines. Un très bon livre où l’on apprend beaucoup de choses à lire et à méditer.

Romain SECCO 

Vidéo de présentation du livre : 

Produits liés

Scandale ou salut ?