Le Nouvel Être

Paul Tillich (P.T.) 1886-1965, théologien allemand, a fui l'Allemagne nazie pour se réfugier aux Etats-Unis où il est resté jusqu'à sa mort. Une précision, ce livre est une compilation de prédications que l'auteur a publiées en 1955 et qu'il a classées en 3 grands chapitres : Le nouvel être est amour, le nouvel être est liberté, le nouvel être est épanouissement.

Le Nouvel Être, Paul Tillich,

Labor & Fides, 2022, 190 p. 18 € 

P.T. est de cette génération de théologiens (avec K. Barth) marquée durablement par le traumatisme des 2 guerres mondiales qui ont ébranlé l'optimisme naïf en l'homme : "Nous vivons une période où la mort est puissante... il est devenue visible que notre être à une Fin. Pendant près d'un siècle, la civilisation occidentale l'a caché [...] Soudainement [...] l'image de la mort s'est manifestée [...] Notre génération, celle des guerres mondiales, des révolutions [...] a redécouvert la réalité de la mort." (p. 179-180). La montée des nationalismes qui associaient le christianisme avec la culture occidentale acheva de convaincre P.T. du besoin d'une refonte - d'un bouleversement - de la théologie. Raison pour laquelle, P.T. se veut en rupture avec le christianisme moralisateur qu'il a connu. Du coup, on voit apparaitre dans ses écrits une critique de toute forme de théologie qui ne remettrait pas en cause l'Eglise, ses croyances traditionnelles, ses rites et son éthique.

Paul Tillich

 Ainsi, dans Le Nouvel Être, il associe ce que l'apôtre Paul (Gal 6, 15 ; 2 Cor 5, 17) nomme "l'incirconcision" à la sécularité et "la circoncision" à toutes les formes de religions avec leurs rites, y compris le christianisme et son baptême (p. 24) pour faire place à la nouvelle création en Christ, "Le Nouvel Être". La difficulté avec P.T. c'est que nous avons du mal à comprendre comment ce nouvel être se constitue dans l'homme, d'où vient il, quel est le rôle de Christ et le sens de sa mort ? On voit plus les conséquences de cette nouvelle création que son fondement théologique. Il est étonnant que dans Le Nouvel Être, la Résurrection de Christ ne soit pas plus développée dans sa réalité historique puisque c'est elle qui fonde la nouvelle création et que de plus, c'est elle qui établit le lien entre la théologie et la culture.

Conclusion : il y a dans ce livre de très belles pages qui nous décrivent un christianisme ouvert à la culture et généreux. Ainsi la prédication sur l'histoire de la femme qui oint de parfum Jésus (Marc 14, 3-9). P.T. décrit l'action de cette femme comme un saint gaspillage et interpelle les chrétiens : "Ne sommes nous pas menacés par un utilitarisme religieux et moral qui veut que nos projets soient raisonnables - exactement comme les disciples à Béthanie ? Il n'y a pas de créativité, divine ou humaine, sans le saint gaspillage qui vient de l'abondance créatrice du cœur et ne se demande pas : à quoi cela sert-il ?" (p. 58-59).

Thierry Rouquet

Présentation de Paul Tillich par André Gounelle :

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