Publié le : 2016-09-13 11:28:32
Josselin MONCLAR
L’Editeur – 311 pages – 19,00 €
Le livre est présenté comme un roman. Mais en fait le narrateur, qui parle à la première personne, et qui représente manifestement l’auteur, expose sa vision du Liban, où il se rend, à l’âge d’environ 20 ans, pour la première fois en 1992, deux ans après la fin de la guerre interne qui a ensanglanté le pays pendant 17 ans. L’auteur est inconnu et la quatrième de couverture nous dit qu’il est de famille libanaise, lui-même étant apparemment Français.
Il est invité à Beyrouth par un ami libanais qu’il a connu à l’université à Paris et est tout de suite fasciné par cette ville meurtrie mais vivante, et notamment par son quartier chrétien, Achrafieh. A la suite de ce coup de foudre, il y retournera souvent, découvrant chaque fois de nouveaux lieux et de nouveaux aspects de ce pays auquel il s’attache avec passion.
En fait, il apparaît que le véritable objet du livre est de nous présenter l’évolution du Liban au cours de cette période (plus de 20 ans) avec des retours en arrière, et l’attitude des pays voisins d’une part et occidentaux d’autre part. Avant la guerre interne (1973-1990), le Liban correspondait à un petit paradis florissant à l’intérieur d’une région troublée. Les religions y jouaient un rôle important mais organisé et équilibré. Vivaient alors en bonne intelligence des musulmans, essentiellement sunnites, des druzes et des chrétiens pour la plupart de confession maronite, branche non latine du catholicisme romain. Le déséquilibre commença à se produire avec l’arrivée massive des réfugiés palestiniens, chassés de toute part et accueillis généreusement au Liban.
L’auteur manifeste un amour total du Liban chrétien que, selon nos informations, il idéalise, occultant pratiquement le fait que la guerre civile eut d’abord lieu entre factions chrétiennes. Il présente alors une vue manichéenne de la situation, ce que lui permet la forme du roman, condamnant violemment la passivité de l’Occident qui abandonne le Liban chrétien au milieu d’un environnement musulman hostile.
Sur le plan romanesque, le narrateur tombe amoureux de la sœur de son ami, jeune femme remarquable avec laquelle il fonde une famille en France.
Livre attachant à tous points de vue, une fois acceptée sa totale subjectivité, justifiée par son amour inconditionnel du pays. Il comporte une introduction enthousiaste de Denis Tillinac.
Bernard Steinlin