Nézida met en scène la Drôme protestante au 19eme siècle

Publié le : 2020-08-27 14:49:04
Catégories : Recensions

Nézida met en scène la Drôme protestante au 19eme siècle

Valérie Paturaud vit à Dieulefit dans le département de la Drôme, où le nom d’une famille  - les SOUBEYRAN – a marqué l’histoire du protestantisme et plus récemment de la  Résistance. Très intéressée par l’histoire locale, elle se plonge dans un document de 600 pages publié par Louis Soubeyran en 1932 « Essai historique et généalogique sur les Soubeyran » 

C’est là qu’elle  rencontre  Nézida : quelques photographies  mais pas une ligne sur sa courte vie. Mariée à Antonin Soubeyran, Nézida est morte en 1884, à l’âge de 28 ans, en donnant naissance à une petite fille qui ne lui survivra pas. 

 

 

Nézida

Valérie Paturaud

Editions Liana Levi

2020

192 pages

17 €

 

  

 

 

Ni tombe, ni trace écrite dans les registres d’état-civil, ni témoignage pour dire son existence. Aucun autre souvenir. Contre l’oubli de Nézida, il fallait donc tout imaginer. 

 

 

Le premier roman de Valérie PATURAUD, « NEZIDA » publié aux Editions Liana Levi, raconte la vie de Nézida d’une façon très originale. 

 

  

Son récit est à plusieurs voix. L’autrice donne en effet la parole à ceux qui l’ont connue, notamment sa mère et ses deux frères, son instituteur, ses amies, son mari et la famille de celui-ci. On retrouve la liste de ces « témoins » au début du livre. 

 

 

Les uns racontent le quotidien du village où grandit Nézida. Les autres décrivent la vie à Lyon où elle s’est ensuite établie avec son mari. Valérie PATURAUD dresse progressivement le portrait de Nézida  avec leurs anecdotes et leurs souvenirs.    

 

 

Nézida  nait en  1856 à Comps, un petit village près de Dieulefit, dans une famille protestante. Sa mère  est déçue : « Je vivais la venue d’une fille comme une malédiction. Désormais, chaque soir, je priais pour que l’histoire ne se répète pas. » 

 

 

Or Nézida ne suit guère le chemin tracé aux femmes en cette fin de XIXème siècle. Au fil des pages, on découvre son goût des livres, son désir d’être instruite, ses engagements, sa présence auprès des plus pauvres, ses projets,  …. On observe les réactions de ceux qui la désapprouvent ou au contraire l’encouragent. Sa belle-mère trouve « que son mode de vie n’est pas celui d’une bonne protestante » .

 

  

 

Sur le bandeau rouge, l’éditeur a écrit « Liberté, égalité, féminité », mettant en valeur le discret combat de Nézida qui, comme d’autres femmes, entendait gagner plus d’indépendance et de liberté. Le sous-titre du livre  « Le vent sur les pierres » y fait sans doute  allusion. 

 

Le récit s’inscrit dans l’histoire du Dauphiné, à une époque où les appartenances confessionnelles sont importantes. Les violences entre catholiques et protestants sont certes loin, mais quelques rivalités surgissent encore dans le livre. L’instituteur de Nézida évoque les appels à la laïcisation de l’enseignement et la progression des idées républicaines.  

 

Valérie PATURAUD a été institutrice. Elle fait entrer son lecteur dans l’univers de Nézida avec un récit rythmé,  une écriture soignée.

 

« Nézida » est un beau roman, facile et agréable à lire, pour tout public.

 

Brigitte EVRARD 

 

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