Publié le : 2017-01-02 12:58:18
L’enfant qui aimait la pluie, blessé par un secret
de Gérard Kelly
Editions Les Béatitudes
(2015, 398 pages, 21 euros)
Gérard Kelly est britannique. Il vit avec sa femme en Basse Normandie.
Ce roman s’intéresse à la difficulté d’être parent, comme à l’incompréhension qui peut exister entre les enfants et leurs proches. Il aborde avec simplicité les problèmes qui peuvent malheureusement parfois se présenter pendant l’enfance et lors du passage à l’âge adulte : l’anorexie, le suicide, l’enfermement sur soi, l’échec scolaire. Tous ces thèmes sont évoqués à travers le personnage de Colom et tissent la trame de ce livre.
Le début de l’histoire semble banal. Fiona et David sont les parents de Colom, jeune adolescent de quatorze ans. Son père est pasteur à Londres et spécialiste en questions familiales. Très vite, nous comprenons que cet enfant a des problèmes et nous sommes étonnés de voir que les parents ne saisissent pas l’urgence de la situation. Le projet de suicide est évoqué, par l’enfant, dans une lettre que sa mère retrouvera. Celle-ci se décide alors à contacter une amie d’enfance qui est thérapeute.
Sur son invitation, ils partent en Bretagne. La souffrance de cet enfant est très dérangeante. Il fait des cauchemars violents, se scarifie les bras, s’enferme dans sa chambre. Néanmoins, il arrive à communiquer avec la thérapeute qui, progressivement, se rend compte que son comportement est enveloppé d’un mystère. Il faudra beaucoup de temps à la mère pour oser aborder des « non-dits », des secrets de famille. Le père avouera à sa femme des éléments concernant la naissance de l’enfant.
Enfin, toutes les vérités sont dévoilées, livrées sans décodage à cet adolescent fragile, qu’il assumera tant bien que mal. Sa reconstruction sera encore longue. Des recherches sont faites sur la famille d’accueil où il a séjourné jusqu'à l’âge de deux ans. Tout cela les conduira en Hollande et permettra à Colom de mettre des mots sur ses angoisses et de retrouver une certaine sérénité.
J’ai beaucoup aimé dans ce roman l’acuité avec laquelle l’auteur aborde les problèmes spécifiques liés à l’adolescence. A travers un cas extrême, il soulève le manque de préparation des parents (même spirituellement armés) devant les difficultés rencontrées par certains jeunes enfants, leurs inévitables tâtonnements. Il conduit à une réflexion sur la recherche identitaire de l’enfant et son mal être si des réponses ne lui sont pas données.
Cependant ce livre semble davantage encore s’adresser à des jeunes. Ils se reconnaîtront dans ce garçon même si leurs situations est moins dramatique. Cette histoire est bercée par le bruit des vagues sur les côtes déchiquetées de Bretagne.
Le roman, puissant et âpre, témoigne aussi - fort heureusement – de la force que peut revêtir la quête de la vérité.
M. Bonnet