Le pouvoir

Publié le : 2023-02-01 17:59:45

Le pouvoir

Anselm Grün (A.G.) est un moine bénédictin allemand bien connu du grand public par le grand nombre de livres de vulgarisation qu'il a écrit sur la spiritualité où il intègre des éléments de psychologie et de théologie. On peut dire que c'est plutôt le sous titre du livre qui donne le meilleur aperçu du contenu de cet ouvrage. On y trouve en effet dans le premier chapitre "Le pouvoir de Dieu" un développement sur la notion de pouvoir ou d'autorité dans la Bible à partir des 4 termes grecs qu'elle utilise pour décrire le pouvoir exercé par Jésus-Christ dans son ministère d'enseignant et de thaumaturge. Mais c'est essentiellement les chapitres suivants qui sont les plus pratiques et à mon sens les plus intéressants.

 

 

    

 Le pouvoir, Savoir gérer les tentations de l'autorité,  

Anselm Grün, Salvator, 2021, 133 p.v 14.80 € 

 

Dans le deuxième chapitre, A.G. montre très simplement que le pouvoir peut être tantôt positif, tantôt négatif mais toujours nécessaire si l'on veut exercer une mission bienfaisante pour l'humanité : "[...] on ne peut se mettre au service des autres si l'on se résigne à une situation d'impuissance." (p. 29). les deux derniers chapitres décrivent respectivement l'usage abusif du pouvoir et son versant positif. L'usage du pouvoir pour le pouvoir conduit immanquablement à l'asservissement pas seulement ceux qui le subissent mais aussi celui qui l'utilise. A.G. pense que c'est dans ce travers que le diable souhaitait attirer Jésus lors de la tentation au tout début de son ministère (Luc 4, 5-7). La tentation du pouvoir comme une finalité entraine l'homme à faire allégeance au diable. Il y a donc une dimension démoniaque du pouvoir sur le plan politique, économique, religieux jusque dans les familles et l'église car "Aucune communauté n'échappe à ces jeux de pouvoirs latents." (p. 48).

 

 

 Anselm Grün

 

Quant au "bon usage du pouvoir" (le dernier chapitre) A.G. adopte étrangement une position très pragmatique que je qualifierais de naïve : " Si le projet que je veux faire accepter et si les moyens que j'emploie sont bons, le pouvoir est une bénédiction." et quels seraient  pour A.G. de bons projets ? Ceux dont on est "vraiment persuadé" qu'ils sont bons... (pp. 101.102). Concernant les moyens pour parvenir à la réalisation de tels projets A.G. est plus précis et clair puisqu'il décrit toute une procédure qui engage le responsable à dialoguer et à partager avec ses collègues en tenant compte de leur avis ce qui doit lui permettre de reconsidérer ses objectifs premiers et discerner si derrière son projet il n'y aurait pas quelques motivations ambigües "comme l'ambition ou le besoin d'avoir absolument raison." (p. 109). Pour aider un responsable de projet à sonder ses motivations, A.G. pense qu'un usage sain du pouvoir se caractérise par une attitude aimante à l'égard des personnes, un souci de justice qui permet d'avoir une éthique qui libère de l'asservissement au pouvoir et la liberté de ne pas répondre à toutes les attentes mais d'agir et de décider dans une réelle liberté de pensée.

 

En conclusion : j'ai trouvé qu'il y avait dans ce livre de nombreux exemples qui s'inscrivent dans un contexte de paroisses catholiques bien que certains de ces exemples peuvent se produire ailleurs que dans le giron catholique. Peut être aussi trop de notions tirées pêle-mêle d'auteurs d'horizons si différents qu'on a du mal à voir la cohérence de l'ensemble : La psychologie jungienne, P. Tillich y côtoie K. Rahner, M. Weber sociologue et tant d'autres psychothérapeutes. Dans cette farandole de penseurs on s'y perd un peu.

 

Un point que mériterait davantage de vigilance de la part de la hiérarchie catholique et que souligne avec pertinence A.G. concerne  le fonctionnement pyramidal (autoritaire) et opaque de certaines de ses institutions ainsi que sa morale déconnectée des réalités humaines (pp. 53-56).

  

Thierry Rouquet

 

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