La mémoire revisitée, une étude approfondie de l' Évangile de Jean

Publié le : 2018-03-05 13:22:17

La mémoire revisitée, une étude approfondie de l' Évangile de Jean

Jean Zumstein est aujourd'hui un des théologiens spécialistes de Jean (Evangile et épîtres) les plus réputés , et ce livre propose un certain nombre d’études sur l’Evangile qui correspondent à des articles ou des conférences de ces dernières années (1992-2016).

La mémoire revisitée

Jean Zumstein

Labor et Fides – 2017

550 pages – 32,00 €



Livre remarquable et passionnant, mais relativement difficile et qui ne peut se découvrir qu’attentivement  . Toutefois, si l’ensemble forme un tout cohérent, qu’il est préférable de lire d’une traite, le fait qu’il s’agit de textes indépendants permet leur lecture séparée. Nous pouvons même ajouter que la partie centrale, la plus importante et sans doute la plus facile, justifie à elle seule l’acquisition du livre.

Il comprend 3 parties :

  • Histoire et herméneutique (102 pages)

  • Parcours de textes (278 pages)

  • Parcours thématiques (108 pages)

L’Evangile de Jean, écrit plus tardivement que les autres,  se caractérise, comparé aux trois Evangiles synoptiques, par  son caractère spirituel, voire symbolique. On n’en connaît pas précisément  l’auteur, ou plutôt les auteurs, et Jean Zumstein utilise souvent l’expression de «auteur implicite».

Le message transcende la narration et annonce dès le célèbrissime  prologue la présence éternelle de Jésus. Autre exemple, le récit des marchands chassés du Temple, qui évoque la mort et la résurrection de Jésus (Jn 2,13-22), se situe au tout début, contrairement aux synoptiques qui le placent en fin de mission, juste après l’entrée à Jérusalem et avant  la Passion, sans référence à celle-ci.

C’est pourquoi l’Evangile de Jean nécessite une lecture attentive, réservée à des lecteurs avertis connaissant aussi bien les textes du premier Testament que ceux des trois premiers évangiles. Jean Zumstein précise même qu’il s’agit de lecteurs initiés, consacrant tout un chapitre à cette notion. Et l’auteur de citer Paul Ricoeur : L’interprétation, c’est l’intelligence du double sens.

Autre concept important, développé à cet effet par l’auteur, est celui de la relecture, objet également d’un chapitre entier. Il y a processus de relecture lorsqu’un texte premier suscite la constitution d’un texte second, et que ce texte second ne trouve sa pleine intelligibilité que rapporté au texte premier. Et pour l’auteur les exemples de relecture surabondent tout au long de l’évangile de Jean.

Ainsi la présence, à deux reprises, de la mère de Jésus (qui n’est jamais appelée par son nom) lors du «premier signe» aux noces de Cana, puis au pied de la croix, avec ces deux paroles du Christ : «Mon heure n’est pas encore venue» et «Tout est accompli». Il est également à noter que seul l’évangile de Jean mentionne ces deux événements à haute signification spirituelle, mais qui n’entrent pas dans la narration des évangiles synoptiques. D’ailleurs ce dernier épisode, de trois versets (Jn 19, 25-27), peut-être symbolique, fait lui aussi l’objet de tout un chapitre.


Ainsi que nous l’avons indiqué, les parties 1 et 3, techniques, sont illustrées par la partie 2, la plus importante et qui correspond à la présentation de quelques passages de l’Evangile que l’auteur estime les plus significatifs, en particulier, et de manière approfondie, les deux « discours d’adieu » (Jn 13,31-17,26). Il y discerne l’annonce d’une mort productive, le temps postpascal étant plus grand que le temps prépascal : le monde ne verra plus Jésus mais ses disciples (pour l’évangéliste, cela concerne tous les croyants) le verront (Jn 14,19). D’autre part Jésus leur enverra l’Esprit Saint (Paraclet ou Défenseur, selon les traductions).


Livre enrichissant, certainement indispensable pour les étudiants en théologie, très  utile pour les prédicateurs laïcs, intéressant pour tout chrétien qui pourra relire, alors avec plus d’intérêt et de joie, l’évangile de Jean.

Enfin, du fait qu’il s’agit du rassemblement d’articles et de conférences indépendants, il peut y avoir quelques redondances, en fait plutôt bienvenues dans un texte très dense.


Bernard Steinlin

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