Publié le : 2017-09-22 12:47:06
Catégories : Recensions
Jean-Claude GUILLEBAUD
Editions L’Iconoclaste, 2017
254 pages -15 €
Directeur littéraire aux éditions Arènes et L’Iconoclaste, Jean-Claude GUILLEBAUD est connu du grand public comme journaliste et comme auteur de nombreux ouvrages. Son professionnalisme reconnu avait été récompensé dès 1972 par le prix Albert Londres. Il y a dix ans, il racontait comment, par un lent cheminement, il a retrouvé la foi, par une adhésion libre et joyeuse au message évangélique et à la personne du Christ.
En cette rentrée littéraire de septembre 2017, il publie aux Editions L’Iconoclaste, avec « La foi qui reste », un livre s’inscrivant dans la continuité de son œuvre littéraire, comme en atteste la reprise de nombreux thèmes qui lui sont chers et son refus de tout pessimisme.
Le titre m’interpelle d’emblée, tant je n’imagine pas une foi qui disparait en partie, une foi mortelle. Pourtant, c’est bien de cela dont il s’agit. L’auteur décrypte les menaces qui pèsent sur la foi chrétienne pour nous offrir au final de formidables raisons d’espérer, tant est forte cette foi transmise de génération en génération depuis plus de vingt siècles.
L’auteur est catholique, mais son regard dépasse le plus souvent le cadre de son appartenance confessionnelle. Sous la forme de fils rouges et non d’un raisonnement linéaire et ennuyeux, les huit premiers chapitres de son livre nous livrent certains constats, et surtout de nombreuses réactions positives et encourageantes afin que demeure une croyance chrétienne vivante et mise en pratique.
Le chapitre 9 revient sur la foi, une rencontre et non une idée, qui se vit et se partage avant d’être l’objet d’un raisonnement et des études indispensables. Le chapitre 10 s’ouvre sur la transmission de la foi, non par l’injonction mais par l’exemple.
Habitué à communiquer au grand public dans de nombreux médias, l’auteur a un style fluide, clair et agréable à lire, avec des références judicieusement choisies aux auteurs qui ont nourri sa réflexion. Ainsi BERNANOS a inspiré son livre et plus particulièrement le chapitre consacré à la « médiocrité chrétienne », celle des chrétiens indifférents au Christ et aux valeurs de l’Evangile mais intéressés par la régulation de l’ordre social procurée par l’Eglise.
Jean-Claude GUILLEBAUD pointe alors comme une menace pour la foi ce catholicisme identitaire, héritier du catholicisme athée de MAURRAS. Il inclut par ailleurs dans une forme de médiocrité chrétienne ces contre-témoignages que sont le mépris grandissant des pauvres et la dureté de certains chrétiens sans miséricorde, plus rapides à juger et à sanctionner qu’à manifester la grâce et l’amour de Dieu.
Liberté de ton et formules chocs sont au rendez-vous. Par exemple « glapissement rigolard » quand il évoque l’impact négatif des moqueries croissantes des médias envers les chrétiens. « Coups de clairons laïcs » quand il s’apprête à faire allusion à la traque obsessionnelle du religieux en France et aux combats des athées en faveur d’une laïcité mal comprise.
Ou encore « nihilisme content de lui-même et indolence décérébrée » quand il décrit l’actuelle société qui se contente de vivre au présent sans convictions, favorisant « non pas le retour vers la religion mais la folle farandole de ses caricatures hérétiques » et préparant aussi le terrain à un nihilisme sans foi ni loi. Il ose même « bondieuseries », « foi vieillotte » et une critique de l’esprit clérical avant de défendre la modernité du christianisme.
Exemples concrets et témoignages personnels rendent le livre de Jean-Claude GUILLEBAUD très accessible.
Ses lecteurs assidus auront parfois le sentiment de retrouver des idées déjà développées dans ses ouvrages précédents. Il n’en demeure pas moins que leur mise en perspective à la lumière du thème de ce nouvel essai reste intéressante et ne semble pas uniquement un prétexte pour militer.
On le retrouve par exemple sans concession face au développement de la pauvreté et au règne toujours plus puissant de la marchandise qui laisse peu de place au désintéressement, à la gratuité et au partage. On sent toujours sa sympathie pour les mouvements alternatifs et pour les appels à la résistance collective contre ce qui menace l’humanité.
« La foi qui reste » est une lecture pour tous. D’autant plus que l’optimisme qui s’en dégage fait du bien. Finalement, l’Eglise se relève sans cesse. Elle a triomphé de ceux qui, si souvent dans l’histoire, ont voulu la détruire. Elle échappe à la sclérose parce qu’il existe toujours des hommes et des femmes pour rejoindre le combat. Quant au message chrétien, il est toujours capable d’apporter des réponses appropriées à nos contemporains.
Brigitte EVRARD