L'homme, merveille de Dieu

Publié le : 2016-03-07 18:17:53

L'homme, merveille de Dieu

L'homme, merveille de Dieu

Bernard SESBOÜE

Éditions Salvator – 367 pages – 23,00 €






L’auteur, théologien jésuite, présente dans ce livre une approche de l'homme créé par Dieu, qui s’adresse à tout lecteur acceptant de réfléchir, quelle que soit sa religion ou son absence de religion. En outre, pour le lecteur protestant, il manifeste une ouverture d’esprit remarquable, citant fréquemment Karl Barth et Paul Ricœur, et affirmant une théologie de la grâce que n’aurait pas reniée Luther.

Au beau titre s’ajoute un sous-titre explicatif, Essai d’anthropologie christologique, et tout l’ouvrage est axé sur la relation Dieu-homme, Dieu étant trinitaire, Père, Fils et Esprit. L'homme, créé par Dieu, comme toute chose, est fondamentalement différent de l’animal, et c’est en cela qu’il peut être qualifié de «merveille de Dieu». La science tend de nos jours à démontrer que très peu de chose distingue l’être humain du reste du monde animal. Sur le plan strictement biologique c’est peut-être exact, mais la différence fondamentale vient du fait que l'homme pense, non seulement d’une manière générale mais également sur lui-même. Il sait qu’il est né et qu’il mourra, et il cherche un sens à sa vie.


L'homme merveille de Dieu

La première partie porte sur la création de l'homme et l’auteur distingue l’origine et le commencement. Le scientifique s’attache à ce dernier pour essayer de trouver un point de départ. Le théologien s’intéresse à l’origine, qui donne sa signification à ce qui existe, l'homme créé par Dieu, être fini aspirant à l’infini. Les deux récits bibliques de la Création, différents sur le plan formel, concordent dans l’idée que Dieu est à l’origine de tout et que l'homme est son collaborateur dans l’accomplissement d’une Création non terminée. L'homme est créé à l’image de Dieu ce qui implique une interaction. Dès la Création, il existe une Alliance entre Dieu et l'homme, même si le mot n’apparaît qu’après le Déluge. L'homme, l’être humain, est créé «mâle et femelle», tout de suite selon le premier récit et en deux temps selon le second. Il est appelé à vivre en société. Donc l’être humain a une double relation avec Dieu et avec tous les hommes, que l’on retrouve dans le double commandement de l’amour de Dieu et de son prochain.

La deuxième partie porte sur l'homme pécheur, question complexe. Le mal existe avant le péché originel puisque l’arbre de la connaissance du bien et du mal ainsi que le serpent lui sont antérieurs. Le péché est la négation par l'homme de sa finitude et le désir d’être Dieu. Le péché est inséparable de la liberté de l'homme, de sa possibilité de choisir. Et comme la création, le péché est originel, c'est à dire que tout homme est pécheur. Bernard Sesboüé développe cette idée en s’appuyant d’abord sur l’apôtre Paul, essentiellement l’épître aux Romains: Tous pécheurs, païens et juifs (Rm 1-3); antinomie entre Adam et Christ (Rm 5), et ensuite sur les Pères de l’Église, particulièrement Augustin: L’Occident sera marqué par l’expérience d’Augustin, reprise avec une grande force par Luther. La force du péché est de s’auto-développer et Augustin cite l’adultère de David qui l’a entraîné au meurtre de Urie. Seule la conversion peut le ramener à Dieu, et Augustin cite le fils prodigue qui «rentre en lui-même ce qui sous-tend qu’il en était sorti».


L'homme merveille de Dieu


Pour terminer cette partie, Bernard Sesboüé propose une anthropologie de la mort. Il s’agit aujourd'hui d’un thème fortement débattu, sous toutes ses formes: allongement considérable de la durée de vie, mort assistée et en sens inverse mort de la mort grâce aux progrès fulgurants de la science vers une «transhumanité». Cependant au-delà de ces spéculations, pour le chrétien le sens de la vie est solidaire du sens de la mort. La mort reste une souffrance et quelquefois un scandale, mort violente, mort d’un enfant et pour soi-même une appréhension. Et l’auteur d’affirmer que la seule et vraie réponse chrétienne aux contradictions de la mort se trouve dans la mort du Christ… dans la manière de l’affronter… et de la vaincre.

La troisième partie est consacrée au salut, l’antidote du péché. Aujourd'hui ce terme paraît dépassé et pourtant le désir du salut, qu’il s’appelle ainsi ou recherche du bonheur ou encore sens de la vie, est au cœur de tout homme. Dans son livre Mémoires, écrit à la fin de sa vie, Raymond Aron évoque un salut laïc. Pour Karl Barth le salut est au centre de la Bible. Il est l’objet, l’origine et le contenu de la prédication. En premier lieu Bernard Sesboüé rappelle la spécificité de l’être humain, à la fois unique et social, Jésus-Christ en étant le modèle parfait à la fois sauvé et sauveur. Il relate sa mission en trois parties qui à elles seules justifient la lecture de ce livre: Le dialogue de Jésus avec les hommes, sa vie sacramentelle et sa résurrection qui, selon Col. 2,12, nous fait entrer dans le monde de la résurrection.

En conclusion, l’auteur oppose à la critique de la naïveté de la foi, souvent formulée aujourd'hui par le monde moderne, la conviction que croire au Dieu de Jésus-Christ est la meilleure façon de croire en l'homme.

Comme nous l’avons indiqué, l’auteur est proche de la spiritualité de Paul, Augustin et Luther, mais reste attaché à son Eglise, catholique romaine, ce qui crée une certaine tension, voire une opposition avec le «Catéchisme de l’Église Catholique (Mame Plon, 1992)» et même parfois des contradictions. Malgré ces imperfections, mineures, «L'homme, merveille de Dieu» reste un livre majeur, dense et riche.

Bernard Steinlin



Attention: La numérotation des psaumes cités correspond à la numérotation catholique, généralement inférieure de 1. Ainsi le psaume 50 (page 257) est dans nos Bibles le 51.



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