Docteur, ai-je le droit de vivre encore un peu ?

L’auteur (désormais T.D.) est le porte-parole de l’association Alliance VITA l'un des principaux mouvements pro-vie, il est membre correspondant de l’Académie pontificale pour la vie. Auteur de plusieurs livres, T.D. est aussi médecin. Ce livre reflète le témoignage de T.D. au travers des nombreux débats qui l’ont conduit à se confronter aux partisans de l’euthanasie, mais c’est aussi un essai où T.D. démonte avec un bon argumentaire les mécanismes qui influencent la société en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté et que les sociologues nomment "la normalité rampante". 

Docteur, ai-je le droit de vivre encore un peu ?

L’euthanasie et le suicide assisté démasqués, Tugdual Derville, Salvator, 2023, 211 p. 18.90 € 

 Le livre se décline en 3 parties. La première partie développe les mobiles ou motifs invoqués en faveur de l’euthanasie : ne pas souffrir, garder sa « dignité » et la question de la liberté ou autonomie du patient. La deuxième partie démasque les 3 promesses des partisans de l’euthanasie  : celle de promouvoir les soins palliatifs, mais en réalité là où l’euthanasie est pratiquée c'est toujours au détriment de la prise en charge des patients par les soins palliatifs ; la garantie d’un encadrement rigoureux, or on voit que dans les pays qui ont légalisé l’euthanasie, les pratiques illégales se développent tout autant ; enfin la possibilité pour les médecins de faire valoir la clause de conscience mais là encore les médecins objecteurs se retrouveront sous pression voir accusés de prosélytisme religieux. La troisième partie dénonce 3 idées reçues  : d'abord les sondages qui montrent qu'une grande majorité des français serait favorable pour l'euthanasie. T.D. montre que la façon dont les questions sont tournées biaise les réponses, ces sondages d'opinions étant plutôt des faiseurs d'opinions que le reflet exact de nos sociétés ; la deuxième idée reçue : le suicide assisté serait un "moindre mal" ; enfin le droit à se suicider n'enlève rien à la personne au contraire il promeut la liberté des personnes.

 Tugdual Derville

Remarque : on pourra reprocher à l'auteur parfois un manque de nuance notamment sur la question de la souffrance qui on le sait chez les catholiques - même si l'auteur s'en défend - garde tout de même une certaine valeur rédemptrice et qui peut donc influencer l'approche de l'accompagnement des personnes en fin de vie.

Conclusion : alors que la convention citoyenne sur la fin de vie semble aller dans le sens d'une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, ce livre apporte des arguments qui invalident cette opinion. Je termine avec une citation de Philippe Pozzo, la personne tétraplégique qui a inspiré le film « intouchable » et qui est jouée par François Cluzet: « Un jour, à l’hôpital, j’ai occupé le lit d’un mort. Il m’a donné en vie [sic.] de vivre. » (p. 12)

Thierry Rouquet

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